Le storytelling comme méthode pour libérer la parole.

| Interview avec CHARLOTTE Cotton, CO-FONDATRICE DE PROPOLIS |

J’ai reçu Charlotte en interview et son histoire est particulièrement inspirante !

En septembre 2023, Charlotte co-fonde l’association Propolis. Le but de l’association est d’enseigner aux jeunes et aux adultes comment aborder des sujets tabous tels que la mort, la santé mentale, la vieillesse et la maladie.

Cette association est le témoin d’une dynamique de changement, mais aussi la concrétisation d’un projet qui lui tient à cœur et qu’elle poursuit depuis longtemps.

Pour ma part, j’ai rencontré Charlotte sur LinkedIn. Après de nombreux échanges, nous nous sommes vues à Paris. D’ailleurs, l’interview dont découle cet article a vu le jour à la suite de ma participation à un de ses ateliers de storytelling. Un atelier qui m’a permis de me connecter encore plus à son approche partagée dans ses réponses à l’interview.

À travers cet article et l’interview menée avec Charlotte, découvrez son histoire, sa volonté et son cheminement pour libérer la parole en s’inspirant du storytelling, du mouvement et du théâtre.

Faire vivre une expérience sans tabou pour libérer la parole

Propolis s’engage à briser les tabous en encourageant le dialogue sur des sujets tels que la sexualité, la maladie ou la mort.

Charlotte explique d’ailleurs que son engagement découle de ses propres expériences passées.

« Je me suis rendue compte que j’avais toujours vu depuis mon enfance, les grosses répercussions et les conséquences de la non communication. »

Par exemple, le divorce de parents, la mort d’un proche, un conflit auquel on répond parfois : “On ne parle pas de ces choses-là…” ou “Tu es trop petite”. Des phrases souvent suivies d’un silence qui, pour Charlotte, entraîne une certaine forme de violence.

Qui décide que nous ne parlons pas de sexualité, d’argent, de religion et pourquoi ne pouvons-nous pas en parler alors que cela fait partie de notre quotidien. Pourquoi avons-nous le droit de parler du beau temps, mais pas d’autres choses ? Quelle est la différence ?

 » Tous les grands thèmes universels de la vie, que l’on soit en Alaska, au Pérou… restent tabou. On va tous mourir, TOUS. Mais, on ne sait pas parler des conditions, de ce qu’il y a après, de ce que l’on veut etc. Même ça, une des choses les plus naturelle de la vie comme la mort, on ne sait pas et on n’arrive souvent pas à en parler. »

C’est avec toutes interrogations qu’elle a quitté son travail dans la communication et pris la route pour sensibiliser à l’importance de parler de sujets considérés comme tabous dans notre société.

L'Évolution du Projet : De l'Expérimentation à l'Action

Au départ, le projet de libération de la parole était une volonté pure, un simple projet pilote. Sans garantie, ni attente. Une envie d’expérimenter et d’accompagner les individus vers une nouvelle pratique pour parler de sujets importants.

Au fil des ateliers et des retours des participants, le projet s’est solidifié.

« En bref, c’est un miroir entre la confiance donnée et celle qui s’est créée »

Et c’est en Inde que le projet a pris de l’ampleur. Une rencontre inopinée qui a engendré une opportunité inattendue : la création d’un programme à Paris, quelques mois plus tard, pour former les professionnels de santé qui accompagnent eux-mêmes des patients dans un parcours de soin.

Le storytelling pour libérer la parole

Libérer la parole sur les sujets tabous (la vie, la mort, l’amour, la maladie) qui nous concerne tous, c’est la mission de l’association Propolis.

Comment elle s’y prend ? À travers une histoire.

C’est vrai, quel meilleur moyen que de créer et de raconter une histoire pour facilement détourner l’attention de notre conscient et réveiller l’imaginaire ?!

Un constat simple, une méthode déjà connue et adaptée, et c’est sur cette idée que Charlotte et Vincent ont fondé des ateliers inspirés du storytelling et complétés d’autres approches comme le théâtre.

« La volonté de base c’est de créer une histoire avec un héros et une problématique. Ajouté à cela, plein de zones de floue, pour que les personnes qui participent à l’atelier laisse vaguer leur imaginaire et construisent l’histoire avec leur vécu, leurs émotions. Leur laisser l’espace pour s’exprimer et révéler leur créativité. »

Le principe des ateliers est simple :

  • Écrire une histoire,
  • L’enrichir avec une bonne dynamique de groupe,
  • La faire vivre avec de la créativité, du dialogue et l’expression des émotions

Le tout en offrant un espace pour l’être et pour les émotions en incarnant ensuite cette histoire dans une pièce de théâtre.

C’est d’ailleurs pour se libérer et oser prendre sa place que les ateliers de Propolis se déroulent dans un cadre non conventionnel : pas de Powerpoint, pas de place attitrée, tout le monde est assis par terre. Ce cadre est pensé et construit pour favoriser l’expression corporelle, la créativité et les arts.

En bref, tout est fait pour montrer que c’est du sérieux, sans se prendre au sérieux.

Révéler la joie pour favoriser la transformation

« C’est toujours hyper émouvant de voir comment les gens se révèlent seulement en 3h. »

Les deux ingrédients phares des ateliers sont : l’écoute active et l’humour.

Ce sont principalement eux qui génèrent cette atmosphère si particulière où chaque participant est à l’aise et libre de s’exprimer de la manière qu’il le veut. Ce sont eux qui progressivement libèrent la parole pour rendre la communication sans tabou.

En France, comme en Inde, l’humour est la clé.

D’ailleurs, Charlotte en témoigne :

« En Inde, c’est super marquant d’arriver dans un endroit où un enfant qui a été battu ou abandonné est quand même ultra joyeux. Un enfant reste un enfant ! C’est une inspiration folle. On voit tout de suite que les enfants ont envie de se lancer, d’essayer de nouvelles choses, même si ça peut sembler ridicule, ils s’impliquent toujours à 100%. L’énergie des enfants en ateliers est communicatrice et on ressort des ateliers avec une énergie folle. »

À travers cette démarche, Propolis nous rappelle que la parole a un pouvoir incroyable : un pouvoir thérapeutique, un pouvoir libérateur… un pouvoir de transformer.

Chaque histoire créée, construite et illustrée libère la parole sur les sujets, considérés par la société, comme tabous. Chaque individu qui participe aux ateliers de Propolis contribue finalement à faire bouger les normes et à libérer la communication pour que plus aucun sujet ne soit tabou.

En fin de compte, Propolis nous invite à reconnaître et à célébrer la diversité de nos expériences humaines. Et comme le partage Charlotte avec une citation qui lui tient à cœur, de Thich Nhat Hanh : “Puisque nous sommes vivants, tout est possible.”

Pour contacter Charlotte de Propolis :

Article inspiré par l’interview de Charlotte Cotton, mené par Justine Durochat en Janvier 2024. 

Rédigé avec ❣️ par Fiona Mantovi et mis en ligne par Justine Durochat

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